Au cours des dix dernières années, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement a connu une croissance annuelle d’environ 8 %. L’impact du marché des fonds d’investissement sur la stabilité financière globale n’est pas négligeable. De ce fait, les autorités internationales se penchent sur les questions de sécurité et de prévisibilité financières.
Sur la base des dernières expériences de marché, bon nombre d’acteurs et d’autorités de surveillance sont intéressés par l’évaluation de la résilience du secteur des fonds en matière de liquidité et d’impact sur la liquidité du marché. La Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) a donc mis en place un document de travail qui introduit un cadre de simulation de crise de liquidité applicable aux fonds d’investissement luxembourgeois. Ce cadre réunit plusieurs éléments :
- L’estimation d’un délai de liquidation au niveau du titre ;
- Un choc à double impact, touchant à la fois le passif et l’actif ;
- Une perspective macroprudentielle avec l’évaluation du risque de contagion via l’estimation de l’impact sur les prix des ventes du premier tour et d’un risque d’amplification via l’estimation des rachats potentiels du second tour.
Avec un actif net total s’élevant à 1,1 milliard d’euros, l’échantillon de fonds étudié est relativement représentatif. A l’issue de la simulation, plusieurs conclusions ont pu être tirées.
Sur la base du modèle macroéconomique, 96 % des fonds peuvent faire face aux demandes de rachat en au moins 5 jours, et 83% en 2 jours. L’analyse des résultats selon les stratégies de fonds montre que les fonds d’obligations à haut rendement auraient un délai de liquidation plus long. Plus de 87 % de ces fonds peuvent répondre au choc de rachat macroéconomique dans les 5 jours. En raison de leur taille, certains fonds mixtes auraient besoin de plus de 5 jours. Les résultats montrent que, dans tous les secteurs, les fonds bien diversifiés de petite et moyenne taille sont généralement en mesure de liquider leurs portefeuilles plus rapidement. L’impact sur les prix estimé avec les chocs de rachat macroéconomiques est faible au niveau des fonds individuels, mais l’impact sur les prix à l’échelle du marché s’élèverait à une perte de 12 milliards d’euros (par rapport à une taille de marché d’environ 5 000 milliards d’euros). De même que l’impact sur les prix, l’effet d’amplification potentiel est limité par le faible niveau des taux de rachat de second tour au niveau des fonds individuels.
En définitive, ce cadre est un véritable outil de gestion des risques, mais revêt une fonction de surveillance pour les autorités de surveillance, en particulier pour les fonds dont le portefeuille contient des actifs moins liquides. A l’avenir, le cadre de simulation pourra être adapté afin d’encore mieux anticiper les crises. Pour le moment, le cadre contribuera aux discussions pendantes entre les superviseurs et les autorités nationales et internationales sur la simulation de crise de liquidité pour les fonds d’investissement.
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